Un tour du Grand Paradis, presque complet!

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J1 Lillaz (1630 m) – refuge de Pontese (2200 m) par le col del Teleccio (3300 m) : +1850m, -1000m .

La journée commence par un petit-déjeuner gargantuesque à l’auberge de Cogne où le petit groupe, Antoine, Sébastien et Sophie encadrés par Claire) est arrivé la veille après un trajet sans problème. Le tour du Grand Paradis commence à Lillaz, les skis sur le sac, vers 8h30. Le programme est chargé, 1700 m jusqu’au col du Teleccio à 3300 m. La première partie dans la vallée s’avère une vraie galère à cause des restes de nombreuses avalanches, chaos de blocs et de coulées de neige durcie, qu’il faut franchir.
La vraie ascension, depuis le fond de la vallée, ne commence que vers 13h30 et il reste alors environ 1500 m à monter ! Le souffle court, les crampes dans les mollets mais la rage au cœur, le groupe arrive au col vers 18h (aie aie aie). Heureusement, le ciel s’est dégagé et le temps semble vouloir se mettre au beau après quelques hésitations en journée.

La pente sous le col est très raide et parsemée de quelques barres rocheuses pas franchement sympathiques. On pense mettre les crampons mais on arrive finalement à naviguer entre les cailloux et rejoindre des pentes moins abruptes un peu plus bas.

Mais la neige est dure et croutée, il y a encore quelques restes d’avalanches à franchir et la descente jusqu’au refuge est elle aussi assez fatigante. La petite troupe finit par arriver au refuge de Pontese vers 20h45. Heureusement, le gardien, ultra sympa, leur a gardé le dîner ! On mange, on met quelques affaires à sécher et puis vite au dodo, en redoutant un peu la journée du lendemain, vu l’état de fatigue avancée en cette fin de première journée !

J2 ; refuge de Pontese (2200 m) – refuge Vittorio Emmanuele (2730) par le col dei Becchi (2990m) et le colle del Gran Paradisio (3345m) : +1400m, -1000m.

Forts de l’expérience de la veille, le groupe part de bon matin, vers 7h30, plein d’enthousiasme pour les 1400 m de la journée. Le début de la montée vers le col dei Becchi se passe bien mais Sébastien se fatigue assez vite.

Arrivés au col à 2990 m, Sébastien a du mal à tenir debout, probablement un début de mal des montagnes ou d’insolation. Antoine et Sophie commencent la descente et se posent 400 m plus bas pour grignoter. Après un temps qui semble infini (40 minutes ?), Claire et Sébastien commencent finalement à redescendre, rejoignent Antoine et Sophie et annoncent que Sébastien ne peut pas continuer. Heureusement il y a une cabane de bivouac d’urgence un peu plus haut. On espère qu’il y aura des couvertures sinon il faudra déclencher les secours ! L’option couvertures se confirme heureusement et Claire et Sébastien décident donc de passer la nuit dans cette cabane en espérant passer le 2e col et rejoindre le 2e refuge le lendemain.

Bien leur en a pris parce que le reste de la journée, pourtant 550 m seulement, n’est pas facile. La balade est belle mais il fait très chaud, le soleil est écrasant, puis le temps se couvre et le vent se lève. Il se met même à neiger et c’est dans la bouillasse qu’Antoine et Sophie atteignent enfin le col del Gran Paradisio, assez exténués.

Ils hésitent à mettre les crampons pour la redescente à 45 degrés de l’autre coté, mais finalement descendent à pied dans la neige assez lourde et molle avec les skis sur le sac. Le soleil repointe le bout de son nez et ils se laissent glisser sur une très bonne neige dans un magnifique paysage de hautes montagnes sauvages jusqu’au refuge Vittorio Emmanuele qu’ils rejoignent vers 18h.

Il y a beaucoup de monde et ça fait un gros contraste avec la traversée sans quasiment personne des deux derniers jours, seulement 4 skieurs croisés sur le chemin plus un groupe de 5 italiens au refuge. Un bon repas, un peu de toilette et au dodo en espérant que Claire et Sebastien passent une soirée et nuit correcte dans leur cabane.

J3 repos: refuge Vittorio Emmanuele (2730 m) – 500 m.

Claire et Sébastien ont-ils passé une bonne nuit dans leur cabane de bivouac ? Vers 10h, Sophie chausse ses skis pour aller à leur rencontre. La journée est magnifique, le ciel tout bleu et les montagnes toutes blanches. Tranquille remontée vers le col, avec presque rien dans le sac, ça fait toute la différence. 400m au dessus du refuge, bien en vue du col, Sophie voit 2 petits points apparaître tout en haut et s’engager dans la pente. Ce sont bien Claire et Sébastien, plutôt en forme, après 550 m de montée! Il faut dire que 2 skieurs sont arrivés au bivouac hier en fin d’après-midi en leur disant qu’ils espéraient qu’ils n’avaient pas de nourriture parce qu’eux en avait trop ! La soirée de bivouac a donc été agrémentée d’une soupe de vermicelle aux carottes et ail grillés (ils avaient un réchaud), polenta à la sauce aux ceps, et morceaux de raclette !!! Bref, une nuit en bivouac plus que confortable … Tout le monde se retrouve finalement au refuge et on se pose pour une après-midi de repos bien mérité. On décide alors, vu l’état des troupes et de leur équipement (!!??) et le manque de neige (qui laisse entrevoir des passages encore plus techniques que prévu) de ne pas faire la dernière partie prévue entre le refuge Chabod et Cogne et donc d’écourter le raid d’une journée.

J4 Du refuge Vittorio Emmanuele (2730 m) au refuge Chabod (2730 m) en passant par le Gran Paradisio (4061 m) : +1330 m -1330 m.

Aujourd’hui c’est la journée du sommet! Lever vers 5h30, départ vers 6h30 pour Antoine et Sophie qui visent le sommet donc 1300m de dénivelé. Claire et Sébastien pensent aller plus directement au refuge Vittorio Emmanuele sans faire le sommet mais ont quand même un bon 1000m de dénivelé La montée se fait comme dans un rêve, à travers les bosses, ressauts et épaules qui mènent au sommet dans un paysage de plus en plus féérique au fur et à mesure que l’on monte.

La trace est dure mais avec les couteaux, ça monte sans problème. Il doit y avoir une centaine de skieurs et skieuses à viser le sommet en ce 1er mai ensoleillé, une quarantaine qui tracent devant Antoine et Sophie, et une petite soixantaine qui s’échelonnent derrière. Le dénivelé s’avale régulièrement sans trop d’efforts, la pente passe au soleil, et Antoine et Sophie arrivent au petit col 20m sous le sommet où on laisse les skis et où l’on s’encorde. Il y a une trentaine de personnes et donc un peu la queue pour monter les quelques barres de fer qui donnent accès au petit bout de crête sommitale où trône la Madone.

La petite traversée est un peu vertigineuse mais les crampons bien posés et la corde passée dans les quelques queues de cochons qui ponctuent la paroi sécurisent ces quelques pas un peu exposés.

La vue à 360 degrés est magnifique du Cervin et du Mont Rose au Nord Est jusqu’à la barre et le dôme des Ecrins et le Viso au Sud Ouest en passant par le Mont Blanc au Nord Ouest.

Redescente au col, un bon moment pour casser la croûte histoire de profiter encore plus longtemps du paysage, puis c’est la longue descente jusqu’au refuge Chabod sur le glacier. Les crevasses paraissent bien bouchées, donc pas besoin de s’encorder, il y a seulement quelques trous qui s’évitent facilement. La neige est excellente, poudreuse au début, puis un peu plus lourde, et nous finissons euphoriques sur de la magnifique moquette. Claire et Sébastien sont bien au refuge après être passés par à peu près les mêmes ravissements. Le reste de l’après-midi se passe rapidement avec quelques parties de tarots et des discussions anti-capitalistes passionnées.

J5 descente du refuge Chabod dans la vallée (-800 m).

Ça sera donc la journée de conclusion après cette belle randonnée dans le massif du Grand Paradis. On redescend sur la neige très dure jusqu’à la forêt où l’on finit par déchausser vers 2200 m. On emprunte le sentier qui descend jusqu’au parking où l’on appelle un taxi qui nous conduit jusqu’à Villeneuve. De là, bus jusqu’à Cogne puis Antoine fait du stop pour aller chercher a voiture à Lillaz. Petit resto à Cogne puis on embarque pour le long retour, agrémenté de quelques magnifiques vue sur le Mont Blanc et tout le massif autour, jusqu’à Tournefeuille que l’on rejoint vers 1h du matin !

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